Recevoir la newsletter

Un nouveau « chat pitre » en Ehpad

Article réservé aux abonnés Conseils de Pros

« L’épidémie de Covid est venue perturber les habitudes de travail et remettre en question les valeurs partagées », selon Stella Choque, formatrice et cadre en santé.

Crédit photo DR
[MEDIATION ANIMALE 2/23] Longtemps considérés comme indésirables car porteurs de maladies ou symboles de malédiction dans l’imaginaire collectif, les chats pointent de plus en plus le bout de leur nez en établissements auprès de personnes vulnérables et souffrant de troubles neurocognitifs.

 

Histoire d’une rencontre inattendue

Paul n’est pas un résident comme les autres : il a travaillé toute sa vie comme agent d’entretien à l’Ehpad des Lilas. A 84 ans, après le décès de sa femme et des problèmes de santé dont un état dépressif chronique, il a souhaité venir vivre dans cet établissement qu’il connaissait si bien. Il a tout naturellement remis sa côte de travail pour aider son jeune « collègue » à l’entretien des espaces verts. Un jour dans la serre qui abrite un poulailler, il a fait la rencontre d’un chaton qui s’était réfugié là pour se protéger du froid. Paul a toujours eu des chats et, tout naturellement, il lui a aménagé un nid douillet et a commencé à le nourrir avec des restes de table et l’a nommé Tigrou. Le chaton s’est bien sûr enhardi et s’est de plus en plus rapproché de l’Ehpad. Les résidents ont tout de suite adopté cet animal qu’ils voulaient tous caresser. Certains le faisaient même entrer dans leur chambre. Le directeur, informé de l’arrivée de ce nouvel habitant à quatre pattes, a dans un premier temps demandé qu’il soit chassé pour des raisons de sécurité. L’ensemble du personnel et des résidents ont tout de suite été indignés par cette décision qu’ils ne comprenaient pas. Ils ont donc décidé de soumettre la décision au conseil de vie sociale (CVS). Il fallait démontrer que la présence du chat représentait plus de bénéfices que de risques. Avec l’accord de la cadre de santé, un groupe d’observation et de réflexion a été mis en place. Un tableau a été rédigé afin d’être présenté au CVS et au médecin coordonnateur.

 

Bénéfices

Risques et solutions

Le chat est un médiateur qui favorise le dialogue.

Qu’un résident soit griffé mais le personnel est toujours présent et le chat est très doux.

Depuis l’arrivée de Tigrou, Paul va mieux et recouvre un élan vital.

Que Paul retombe dans la dépression s’il est privé de « son chat ».

Les résidents manifestent leur joie de le voir et la présence du chat réveille la mémoire émotionnelle et stimule la mémoire épisodique car beaucoup en ont en eus dans leur vie.

Pour les allergies : les résidents allergiques sont connus et le chat ne rentre pas dans les chambres (sauf dans celle de Paul).

Sa présence apaise les résidents lors de situations d’angoisse, elle favorise l’émergence de la parole.

Perte de poils, parasites : il sera vu par un vétérinaire, castré et brossé régulièrement. Le personnel et certaines familles sont prêts à régler les frais vétérinaires.

Le personnel est aussi sensible à sa présence apaisante et la nuit, il rassure même les équipes.

Deux salariés ainsi que Paul et Madeleine, une résidente, sont volontaires pour être référents.

Devant le consensus obtenu et la solidité de l’argumentation, le CVS a voté pour la présence du chat au sein de l’établissement en tant qu’animal thérapeutique. Le directeur s’est donc laissé convaincre.

Un bilan positif

Après six mois de sa féline présence, Tigrou fait complètement partie de l’établissement. Il procure joie et sérénité à tous, que ce soient les équipes que les résidents. Maïcha, une petite chatte errante, est venue le rejoindre et elle est également encadrée par quatre référents : deux salariés et deux usagers. Le règlement intérieur précise les modalités de la présence des chats qui n’ont pas accès à la salle à manger pendant les repas ni bien sûr aux lieux de soin. Les chats ne sont nourris que par les référents ou le personnel selon un tableau prévisionnel où l’entretien de leur litière est également défini. Les résidents qui le souhaitent peuvent leur ouvrir leur chambre pour des séances de câlinothérapie. Une représentante des familles au CVS a d’ailleurs rappelé que la chambre des résidents est, selon la loi, leur domicile. D’ailleurs le terme « habitant » tend à remplacer le mot « résident » afin de bien insister sur son aspect privatif. Finalement, la présence de ces animaux de compagnie permet de travailler d’autres notions et concourt à la dimension de « lieu de vie » qui doit primer sur le lieu de soins des établissements médico-sociaux. La présence de chats est donc possible en Ehpad, à condition qu’elle soit organisée, réfléchie et fasse consensus. Dans cet établissement, Tigrou et Maïcha sont définitivement des habitants des Lilas. Il suffit d’évoquer leur nom devant les résidents pour voir les visages s’illuminer et comprendre en une fraction de seconde tout l’intérêt de leur présence.

Stella Choque, cadre de santé et formatrice

Alzheimer

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur