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Un effet stimulateur de lien social

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« Nous constatons que la médiation animale apporte une réponse efficace pour lutter contre ; là où d’autres interventions non médicamenteuses connaissent des difficultés à stimuler la motivation du résident, à l’extraire de son isolement et de son émoussement affectif », souligne Jean-Marie Sillou, Docteur en psychopathologie clinique, Neuropsychologue du vieillissement, Directeur d'Ehpad

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[MEDIATION ANIMALE 16/23] La zoothérapie est d’un enjeu majeur pour lutter contre l’apathie qui reste un symptôme discret voire silencieux du point de vue institutionnel et qui conduit à amplifier la perte d’autonomie de la personne âgée qui en est atteinte.

 

 Une intervention spécifique et ciblée

La zoothérapie ou thérapie à médiation animale s’est invitée dans les Ehpad et y a pris son essor au moment du Plan Alzheimer 2008-2012 avec la création des pôles d'activités et de soins adaptés (PASA) et des unités d’hébergement renforcées (UHR), pour le développement des thérapies non médicamenteuses dans la prise en soins des troubles neurocognitifs majeurs. La définition communément admise de la zoothérapie par la communauté scientifique est celle de l’International Association of Human-Animal Interaction Organizations (IAHAIO) (1), qui précise : « La zoothérapie est une intervention spécifique, ciblée dont le but est d’apporter des bénéfices thérapeutiques dans la santé humaine, par l’introduction de l’animal dans le soin. Ce type de thérapie qui doit être axée, planifiée et structurée est pratiquée par des professionnels des services de santé, sociaux et éducatifs. L’évolution et les progrès apportés par la thérapie sont évalués, mesurés et transcrits dans le dossier du bénéficiaire. Cette thérapie est prodiguée par un professionnel formé, ayant une expertise dans le cadre de sa pratique. Elle met l’accent sur l’amélioration du fonctionnement physique, cognitif, comportemental et/ou socio-émotionnel du bénéficiaire. » 

Outre la perte de l’autonomie fonctionnelle, l’altération des capacités cognitives est un des motifs fréquents de l’institutionnalisation de la personne âgée qui souffrira concomitamment de la manifestation de symptômes psycho-comportementaux invalidants. Parmi ces troubles du comportement, celui qui est le plus observé par les soignants en Ehpad et qui reste complexe dans son approche et son accompagnement tant il est pourvoyeur d’un important isolement et chronophage dans sa prise en charge, est l’apathie. Nous constatons que la médiation animale apporte une réponse efficace pour lutter contre ; là où d’autres interventions non médicamenteuses connaissent des difficultés à stimuler la motivation du résident, à l’extraire de son isolement et de son émoussement affectif.

Le retour de la vie et de l'envie

Lorsque la direction d’un Ehpad finance des séances de médiation animale auprès de ses résidents, celles-ci se déroulent généralement en individuel dans les cas d’apathie sévère car l’usager sera très peu enclin à sortir de sa chambre, mais elles peuvent aussi avoir lieu en groupe dans les cas d’apathie plus modérée. L’animal le plus couramment utilisé dans cette approche est le chien et lorsqu’il met une patte dans l’institution, il est instantanément remarqué et apprécié de tous, tant par les bénéficiaires que les familles et les membres du personnel.

Chez les résidents, lors des séances menées par le praticien, l’animal joue un rôle puissant de décentration de l’attention vis-à-vis de la routine, l’expression des visages se modifie, les sourires s’esquissent. Il est là sans a priori, sans attente de la part de la personne en perte d’autonomie et sans injonction d’engagement. Cela redonne une vraie liberté dans le processus de communication, facilitant ainsi très nettement l’interaction avec la personne âgée. Il ressort, de cette relation, un véritable effet stimulateur de lien social. Avec les séances de zoothérapie, le repli sur soi, la tristesse, l’indifférence laissent place à l’intérêt, aux émotions positives, au partage d’histoires personnelles, aux sensations agréables retrouvées par le toucher et les caresses à l’animal. Quand l’équipe d’animation distribue le planning d’activités, la venue du chien est attendue des bénéficiaires, et pour certains ce sera l’une des seules interventions qu’ils ne souhaiteront pas manquer.

La clinique vient montrer que dans le symptôme d’apathie même sévère, la thérapie à médiation animale procure de nombreux bénéfices aux personnes atteintes de troubles neurocognitifs majeurs que ce soit sur le plan physique, cognitif, social ou psychologique. Cette prise en soins permet de favoriser et augmenter les activités intentionnelles au niveau comportemental et émotionnel et apporte un regain de motivation en ravivant les habiletés sociales annihilées. Les médecins qui ont vu avec méfiance et circonspection, et nous pouvons le comprendre, la zoothérapie pousser la porte des Ehpad, il y a plus de dix ans, sont aujourd’hui rassurés par les publications scientifiques de plus en plus nombreuses qui en observent les bienfaits significatifs et l’intègrent aussi dans leur arsenal thérapeutique comme approche non-pharmacologique dans le traitement de l’anxiété, la dépression et l’agitation de la personne âgée souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Jean-Marie Sillou, Docteur en psychopathologie clinique, Neuropsychologue du vieillissement, Directeur d'Ehpad

 

Notes de fin de page

(1) IAHAIO. (2013). The IAHAIO Definitions for Animal Assisted Intervention and Animal Assisted Activity and Guidelines for the Wellness of Animals Involved Task Force.

 

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