Quels objectifs pour la formation des soignants ?

La prise de conscience de tous les enjeux

Un espace de verdure, même s’il n’est pas un jardin thérapeutique, peut déjà être une ressource pour proposer des repas dehors, favoriser l’exercice physique, procurer une exposition à la lumière du jour source de vitamine D – le syndrome autrefois décrit sous le nom de « syndrome des femmes cloîtrées » – était le reflet de la carence en vitamine D des religieuses qui ne sortaient pas des bâtiments du couvent....

Les bienfaits de la relation à la nature sur la santé physique et psychologique doivent donc être explicités.

Outre ces éléments généraux d’une approche environnementale basée sur le concept « One Health », une seule santé, qui prône une conception globale de la santé humaine comme inscrite de manière incontournable dans une interaction avec l’ensemble du vivant, la formation des équipes s’attache aussi à approfondir la connaissance des bénéfices possibles de l’utilisation du jardin dans leurs soins et interventions non médicamenteuses.

Les principes de conception de tels jardins sont un aspect majeur d’un projet de jardin thérapeutique mais une fois le jardin créé, c’est l’équipe qui le rend thérapeutique et le fait vivre. Les aspects médicaux et neuropsychologiques liés aux maladies neuro-cognitives évolutives et des capacités cognitives que le jardin vise à étayer doivent être exposés et pris en compte. De même, la formation permet aux professionnels de comprendre les éléments sur lesquels se base une approche artistique du site dans une logique de design à visée thérapeutique, là encore s’appuyant sur des données de la littérature et des expériences réussies.

Insuffler une dynamique d’équipe

A côté de ces éléments, sans devenir des experts en agronomie, jardinage ou paysage, des connaissances de base permettent aux soignants de comprendre les enjeux de la gestion du jardin dans une optique de développement durable, de la biodiversité que le jardin peut contribuer à préserver voire enrichir. Un audit biodiversité peut être réalisé et présenté ce qui permet à l’équipe d’adhérer à cette approche. Tout ceci contribue à tisser un dialogue constructif avec les différents professionnels chargés de l’aménagement d’un futur jardin thérapeutique.

Les soignants doivent en effet confronter leurs projets aux réalités de terrain : atouts et contraintes de leur site, nature du sol, du climat, aux textes réglementaires voire aux plans d’urbanisme de leur commune, ainsi qu’aux nécessités qui s’imposeront à l’établissement en termes de coût d’aménagement mais aussi sur le long terme, d’entretien. Le rôle du management est essentiel pour insuffler une dynamique d’équipe, mobiliser chacun dans ses compétences propres mais aussi sa créativité et la capacité d’imaginer autrement le soin grâce au support du jardin thérapeutique. La direction s’appuie dans la gestion projet sur un groupe pilote pluriprofessionnel et pluridisciplinaire. Réaliser une enquête sur les souhaits des parties prenantes, tant professionnels que patients et/ou résidents et leurs proches, permet d’éclairer la phase de préparation du cahier des charges.

La formation des soignants là encore, joue un rôle essentiel car elle leur permet d’analyser les résultats, d’écarter les demandes non adaptées en justifiant ces choix et d’accéder aux souhaits et propositions qui enrichissent le projet. La mesure de la satisfaction vis-à-vis du jardin si elle est réitérée au décours de l’aménagement, permet de vérifier l’adéquation de celui-ci avec les objectifs fixés, de prévoir si besoin des ajustements. Par ailleurs, la formation des soignants leur fournit un éclairage sur les indicateurs possibles à utiliser afin d’évaluer dans la durée, la qualité et les apports du jardin dans leurs pratiques.

Dr Thérèse Rivasseau Jonveaux, CMRR de Lorraine CHRU de Nancy