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Penser son projet avant de créer un jardin thérapeutique

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« Il est essentiel de prendre conscience que le jardin thérapeutique est la base matérielle d’un projet, et non une fin en soi », selon Laure Bentze, praticienne et formatrice en hortithérapie, co-fondatrice de Terr’Happy.

Crédit photo Terr’Happy
[JARDIN THERAPEUTHIQUE 1/17] Mettre la nature à portée de personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, commence souvent par l’aménagement d’un jardin thérapeutique. Cette démarche séduit un nombre croissant d’établissements. L’idée semble simple, mais se poser les bonnes questions et éviter certains pièges sont indispensables pour récolter les fruits d’un tel projet.

Qu’attendez-vous de votre jardin thérapeutique ?

Les bienfaits associés aux jardins thérapeutiques et à l’hortithérapie pour des publics vivant avec la maladie d’Alzheimer se vérifient sur le terrain. La Fondation Médéric Alzheimer souligne les bienfaits de l’hortithérapie sur la réhabilitation physique globale, l’entretien cognitif et la réduction des troubles psychiques et comportementaux (1). Depuis 2016, nous avons pu accompagner huit Ehpads, six Accueils de jour et deux hôpitaux gériatriques dans leur démarche. Dès le début, de nombreuses questions se posent : comment s’y prendre ? A qui faire appel ? Qui va s’occuper du jardin ? Qui va l’utiliser ?

Pour démarrer leurs projets, les établissements font souvent appel à des paysagistes. Or, très peu savent réellement ce qu’est un jardin thérapeutique et comment l’aménager pour un public vulnérable spécifique. Au cours de notre activité (2), nous avons ainsi vu de nombreuses curiosités, vendues à une structure comme « jardin thérapeutique » : quelques agrès installés dans un coin (sans aucune plante), trois tables de semis sur une terrasse, des installations peu stables voire dangereuses sensées « provoquer un choc ». Or, un jardin thérapeutique est un espace de nature qui répond à une définition précise, pensée pour favoriser la connexion à la nature. Le jardin doit aussi être sécurisé, confortable, diversifié et familier, avec des végétaux sans danger est bien adapté. Seul un paysagiste spécialisé sera en mesure de proposer une solution valable, prenant en compte la prévention des risques et les préconisations pour ce type de public.

Voici un autre cas fréquent : le jardin est aménagé, mais le personnel l’utilise peu ou pas. Or, sans une implication du personnel, les personnes, souvent très dépendantes, ne pourront bénéficier de cet outil. C’était pourtant l’intention initiale. Ici la question des usages du jardin et de leur mise en œuvre par les soignants semble avoir été oubliée. Elle devrait pourtant se poser bien avant celle des aménagements.

La nécessité d'encadrer les participants au jardin thérapeutique.
Crédit photo : Terr’Happy

La question centrale n’est pas le jardin….

Il est essentiel de prendre conscience que le jardin thérapeutique est la base matérielle d’un projet, et non une fin en soi. Ce projet consiste à faire bénéficier des personnes vulnérables d’une connexion à la nature et au végétal afin d’atteindre des objectifs thérapeutiques précis. Cela correspond parfaitement à la définition de l’hortithérapie. Si le jardin thérapeutique est un lieu idéal, l’hortithérapie peut également se pratiquer sur une terrasse, ou à défaut (et le moins possible) en intérieur. Avec cette prise de recul, on voit que le jardin n’est plus l’objet central du projet.

Ce changement de focus génère de nouvelles interrogations : qu’attend-on de l’hortithérapie au sein de la structure ? Peut-elle aider à résoudre certaines difficultés ? Comment peut-elle améliorer la vie des personnes vulnérables ? Qui va pouvoir en bénéficier ? Sous quelle forme et par quel dispositif ? Qui va impulser la dynamique et encadrer les activités ?

Pour y répondre, un travail préalable de co-construction du projet avec la structure est indispensable. Les équipes de soin, d’animation, de direction doivent être consultées et intégrées très tôt dans la conception du projet. Leur adhésion est décisive. Si un aménagement de jardin est prévu, les responsables techniques seront consultés pour prendre en compte les contraintes, notamment d’entretien. Échanger avec les usagers ayant une appétence pour le jardin permet d’intégrer leurs souhaits afin de renforcer l’attractivité du jardin.

La deuxième clé pour la réussite du projet est celle des compétences puis de l’insertion du jardin au sein de la structure. Les compétences peuvent être celles d’un intervenant extérieur formé à l’hortithérapie qui vient animer les ateliers. En interne, il faudra mettre les moyens dans la formation et l’accompagnement des soignants et animateurs. De nombreux travailleurs du médico-social actuels appartiennent à des générations déconnectées de la nature ; ce qui rend cette étape encore plus nécessaire. L’accompagnement par un professionnel expérimenté doit permettre une insertion progressive de l’hortithérapie dans les habitudes des soignants et la vie de la structure. Dans de grosses structures, cet accompagnement semble incontournable.

Parce que les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer sont peu autonomes, un effort particulièrement important doit donc être consacré à la conception puis à la mise en place du projet, à l’animation des ateliers ou à la formation du personnel. L’expérience montre que prioriser ces aspects mène plus sûrement vers le succès.

Laure Bentze, praticienne et formatrice en hortithérapie, co-fondatrice de Terr’Happy

 

Notes de bas de page 

(1) Interventions Non Médicamenteuses et Maladie d’Alzheimer, Guide Pratique, Fondation Médéric Alzheimer, 2024

(2) Terr’Happy est une entreprise spécialisée dans les jardins thérapeutiques et l’hortithérapie : accompagnement de projet, création de jardins thérapeutiques, animation et formation en hortithérapie. Pour plus d’infos : www.terrhappy.fr

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