Un jardin pour quoi faire ?
Le jardin est un lieu de vie et de travail qui peut avoir plusieurs fonctions : usages libres pour se promener, admirer les végétaux, flâner seul, en famille ou avec des professionnels ; temps de repos pour les professionnels ; outil de soin et d’accompagnement dans le cadre d’activités et d’interventions à but thérapeutique. Un jardin à usage uniquement thérapeutique n’est pas souhaitable afin d’éviter qu’il soit rapidement abandonné. Il est important que le jardin soit intégré au projet de l’établissement après identification de manière collégiale des attentes et des besoins afin que chacun se l’approprie. L’appui d’un professionnel du jardin, paysagiste, hortithérapeute ou horticulteur peut-être d’une aide précieuse.
Si des établissements disposent déjà d’un espace extérieur ou d’un jardin, il faut s’interroger sur comment il est utilisé et par qui. En fonction de ces constats, des aménagements ou des agrandissements pourront être réalisés pour mieux répondre aux besoins et attentes. Si la structure ne dispose pas d’un jardin, il faut se renseigner sur la possibilité architecturale de sa conception. Il n’est parfois pas nécessaire de déployer de grands moyens pour répondre aux besoins des usagers et des professionnels. Parfois, une terrasse aménagée peut suffire.
Un jardin doit être avant tout accessible, susciter l’intérêt et apporter un sentiment de bien-être à ses usagers. En effet, toute personne, quelles que soient ses capacités physiques, cognitives et sensorielles, doit pouvoir s’y rendre et s’y sentir bien. Les usagers doivent pouvoir y accéder, se déplacer et en sortir facilement. Le jardin peut être divisé en plusieurs parties pour répondre à différentes fonctions comme un espace de promenade, des espaces pour s’asseoir (il faudra veiller à placer les bancs et les chaises à l’ombre et à des endroits facilement accessibles), discuter, et des espaces aménagés destinés aux activités thérapeutiques. Un jardin attractif et accessible permet une meilleure appropriation et familiarisation.
Un jardin doit apporter sécurité et autonomie. Certaines plantes que l’on trouve belles à regarder peuvent être « dangereuses » ou « toxiques » si elles sont portées à la bouche. S’entourer de professionnels facilite un meilleur ciblage des végétaux et minimise les risques pour les usagers. Les espaces de promenade doivent éviter tout risque de chute ou de blessure. Même si le risque zéro n’existe pas, mieux vaut minimiser les situations à risque. Par ailleurs, un jardin doit aussi être respectueux de l’environnement et favoriser la biodiversité. Si les résidents participent au jardinage et/ou des ateliers d’hortithérapie, il faut également s’assurer que leur vaccination anti-tétanos est bien à jour.
Et après ?
La pérennisation du jardin est un objectif souvent difficilement atteint par manque de temps et/ou de moyen, un turn-over des professionnels concernés, un manque d’anticipation sur les coûts de l’entretien… Ces différents points doivent être abordés et tranchés dès la réflexion sur le projet. Une fois conçu et livré, l’espace vert ne sera jamais figé comme au premier jour, il évoluera en fonction des besoins et attentes des usagers et des usages qui en seront faits. Il est donc important d’évaluer en continu besoins et usages pour adapter cet espace extérieur et ses vertus.
Un jardin est avant tout une porte vers l’extérieur, un moyen de sortir de l’établissement. C’est un lieu de rencontres et d’échanges ou simplement de flâneries individuelles. S’entourer de professionnels du paysage est primordial pour aboutir à un projet fonctionnel et en accord avec les besoins et attentes des établissements.
Pour aller plus loin sur ce thème, la Fondation Médéric Alzheimer a publié en 2020 un guide pratique intitulé « Conception et élaboration de jardins à l’usage des établissements sociaux, médico-sociaux et sanitaires ». Ce guide est destiné à tout type d’établissement sanitaire ou médico-social au bénéfice de tous les publics qui le fréquentent : personnes malades, entourage, accompagnants et professionnels. Dans une démarche à la fois empirique et scientifique, cet ouvrage regorge de conseils pratiques pour accompagner professionnels de santé et du paysage pour concevoir des jardins à visée thérapeutique adaptés, pérennes et durables… et partagés par tous.
Jean-Bernard Mabire, responsable de projet et Alain Bérard, adjoint de direction, Fondation Médéric Alzheimer
