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Expérience d'un jardin thérapeutique dans une unité cognitivo comportementale

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« Le jardin est un excellent support pour une activité neuropsychologique, orthophonique, ergothérapeutique écologique », expliquent Florence Lebert, psychiatre et gériatre et Florence Bieder, gériatre.

Crédit photo DR
[JARDIN THERAPEUTHIQUE 3/18] Parmi les critères d’admission en unités cognitivo-comportementales (UCC), il y a le maintien de la capacité à déambuler. Ainsi, un espace extérieur est précieux pour entretenir cette fonction pendant une hospitalisation, mais aussi comme traitement non médicamenteux (1).

Paramètres à prendre en compte pour adapter un jardin en UCC

Partir des besoins des patients

Dans les UCC, sont accueillies des personnes, ayant des troubles de mémoire avec une meilleure préservation des souvenirs anciens comme souvent lors de maladie d’Alzheimer, mais aussi ayant un syndrome frontal comportemental avec instabilité psychomotrice, ou hyperoralité avec mise en bouche possible d’objets non comestibles. Les patients peuvent avoir des troubles de l’équilibre avec risques de chutes ou des troubles visuels.

Géographie du jardin

Certains patients jeunes, qui ont un syndrome frontal comme lors d’une dégénérescence frontoto-temporale, ont besoin de pouvoir faire un long parcours tandis que d’autres plus âgés se fatigueront vite. Une aire de déambulation circulaire avec aussi accès à un petit jardin central et à des bancs sur le parcours est apparue comme la plus adaptée (Fig 1). Des allées ensablées furent choisies, bien plates, régulières, pas trop dures en cas de chutes, avec une couleur bien distincte des bordures favorisant le contraste, sans surélévation. Les allées doivent être suffisamment larges pour permettre l’accès aux fauteuils roulants.

Une aire de déambulation circulaire avec aussi accès à un petit jardin central et à des bancs sur le parcours est apparue comme la plus adaptée.
Crédit photo : EPSM des Flandres

L’agitation de certaines personnes avec parfois désir de fugue exige que le jardin soit bien protégé de l’extérieur. Et pour cause, des malades jeunes sont capables d’enjamber de hautes haies. Une proximité d’une route passante pourrait inciter à un désir de fuite pour rentrer chez soi par exemple.

L’organisation du jardin

Choix des plantes

  • Anciennes, connues des personnes, si possibles odorantes, permettant un travail de reviviscence ;
  • Ne pouvant pas les blesser comme les rosiers pour ceux qui sont sous anticoagulants ;
  • Comestibles ; choix rendu possible grâce à un travail en partenariat avec le centre de phytosociologie de la ville. Ainsi certaines sont à éviter comme le chevrefeuille, le coquelicot, la digitale, le genet, le gui, l’if, le laurier rose, le lierre, le muguet, le thuya, le troene, la vigne vierge en raison du risque d’effets indésirables ;
  • Cultivables en bac pour certaines afin que les patients n’aient pas à se baisser, accessibles en fauteuil roulants aussi.

Complété de jeux d’adresse

Quilles, pétanque, croquet, de couleurs contrastant avec le sol... les offres ludiques sont nombreuses.

Animaux

Les patients sont attirés par de « petits animaux », mais ils ne savent pas toujours limiter leurs caresses sans incommoder l’animal. Les poules nous ont paru peu angoissantes, familières, avec la possibilité de leur donner à manger et de ramasser des œufs (Fig 2).

Les poules ont paru peu angoissantes, familières, avec la possibilité de leur donner à manger et de ramasser des œufs.
Crédit photo : EPSM de Flandre

 

Apport du jardin dans la prise en charge

Le jardin, support au travail cognitif

Le jardin est un excellent support pour une activité neuropsychologique, orthophonique, ergothérapeutique écologique. Sa fréquentation permet de tester le repérage temporel, les saisons. Il peut être utilisé pour faire des épreuves de dénomination, tester l’odorat, ou encore stimuler la mémoire du passé pour un atelier de réminiscence. D’où l’intérêt d’avoir des essences régionales dans le jardin pour faciliter leur reconnaissance. Un atelier jardinage permet de travailler aussi les praxies, notamment lors de troubles du comportement.

Le jardin, support à la rééducation physique et à la surveillance du risque de chutes

Lieu idéal et ludique pour réaliser un bilan de chutes, un parcours de marche, évaluer d’éventuels effets indésirables des psychotropes. Un jardin permet de lutter aussi contre l’apathie motrice.

Le jardin et son effet thérapeutique sur le comportement

  • Anxiolytique, relaxant, limitant la sensation d’enfermement ;
  • Stimulant contre l’apathie ;
  • Calmant pour les patients agités.

Le jardin, un lieu destiné autant aux aidants qu’aux patients

Accueillant pour les proches, il permet l’instauration d’une intimité ; lieu non angoissant pour de jeunes enfants, offrant la possibilité d’actions destinées aux familles : pique-nique, chasse aux œufs à Pâques, manifestations pour la journée mondiale Alzheimer, expositions dans le jardin sur la maladie... C’est également une occasion d’offrir la possibilité de contacts entre familles de malades. Mais pas seulement, le jardin peut être ouvert sur l’extérieur privilégiant les contacts intergénérationnels avec venue d’écoles ou encore l’accueil de formations musicales.

Florence Lebert, psychiatre et gériatre et Florence Bieder, gériatre

 

Notes de bas de page

(1) Rivasseau-Jonveaux T: Les jardins thérapeutiques : recommandations et critères de conception. Gériatrie et psychologie neuropsychiatrie du vieillissement, vol. 10 n° 3, 2012-09, pp. 245-253

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