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Et soudain, tout s'apaise

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« L’intégration plus systématique de la médiation animale dans le soin et l’accompagnement des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer n’est plus seulement une question de bien-être, mais une évolution indispensable vers une approche plus holistique », selon Djamila Nourine, ASG.

Crédit photo DR
[MEDIATION ANIMALE 5/23] Mon quotidien se veut au plus proche des résidents de trois lieux de vie spécialisés d’un Ehpad, en tant qu’assistante de soins en gérontologie coordinatrice des activités thérapeutiques. Dans l’établissement, le chien médiateur se nomme Poussière. C’est une femelle berger australien âgée de quatre ans qui intervient dans différents services (PASA, UVP) en groupe ou individuel. 

Effet instantané 

Il est 14 h 45, nous sommes en septembre. L’atmosphère extérieure est au gris, la luminosité est basse, il fait froid, l’automne toque à nos portes. Au Magnolia, lieu de vie spécialisé en Ehpad, l’ambiance est à l’agitation. Mme M se promène, touche tous les résidents qu’elle rencontre, veut fermer les volets. Mme D déambule, Mme DQ râle un peu installée dans un fauteuil. M. P est là mais il ne faut pas le déranger, son humeur est sombre.  

Je regarde la pendule, je sais qu’Élodie va arriver. Je commence à préparer trois tables, que j’installe en longueur pour permettre un confort dans la réalisation de l’activité à venir. J’explique aux personnes présente l’arrivée imminente de notre visiteuse. Ils m’entendent sans m’écouter. Je les installe mais leurs besoins irrépressibles de mouvement les font se déplacer à nouveau.  

Tout à coup, le son d’une voix émerge. Élodie arrive, saluant l’ensemble du service. Poussière fait son apparition, toujours discrète, mais tellement remarquée.  

Cette apparition crée un effet instantané. Mme D est en joie de voir la chienne, elle s’assoit enfin, après plusieurs heures de déambulation continue. M. P rigole, sourit. Mme M s’arrête de crier en quelques secondes. Mme DQ répète : « Moi j’aime bien ». Les résidents cherchent le regard de Poussière et attendent son bonjour délicat, toujours rempli d’amour à leurs égards. Tout s’apaise. Le centre d’intérêt principal que représente cet animal les éveils, l’apathie s’estompe, le mouvement s’opère. Il n’y a plus que Poussière qui existe. 

Une séance et tant d’effets bénéfiques 

Dans une ambiance amicale et détendue, les ateliers durent une heure, répartis sur quatre séances par mois. 

La médiation animale permet une diminution de l’agitation et d’autres troubles du comportement, joue sur la socialisation et diminue le comportement apathique. La présence de l’animal est conseillée pour son aspect anxiolytique et affectif. Avec les résidents atteints de maladie d’Alzheimer, les effets bénéfiques sur les fonctions cognitives, physiques, psycho-affectives, et sur les troubles du comportement nous apparaissent comme « une évidence ». La liste des bienfaits est longue. L’intervention de l’animal donne aux résidents des repères temporels (date et attente des séances). Une réminiscence en lien avec les souvenirs des animaux, la mémoire à court terme apparaissent durant la séance. Ce rendez-vous est une sorte de pierre de patience absorbant tel un réceptacle les joies, les peines, tout ce que les bénéficiaires vont pouvoir leur confier. Il y a une notion de vase communiquant entre les affects du chien et du résident.  

C’est un intermédiaire vivant doté d’un comportement autonome dans une relation triangulaire thérapeutique. 

Quelques minutes avant son départ, les résidents aident à ranger le matériel. Poussière dit au revoir à chacun des participants. Les résidents ont un mot délicat pour elle. Sa présence s’envole, mais le calme reste, ils continuent d’ailleurs à parler d’elle, à s’interroger sur sa prochaine venue.  

L’expérience partagée entre les aînés et Poussière réclame une reconnaissance de la médiation animale, ces moments d’échanges où les sourires se dessinent à travers les visages, révèlent une puissance thérapeutique souvent sous-estimée. En instaurant ce moment de partage avec l’animal, nous aspirons à dépasser les frontières conventionnelles de la médecine et à embrasser un modèle où la présence apaisante d’un animal devient une prescription tout aussi précieuse qu’un médicament. L’intégration plus systématique de la médiation animale dans le soin et l’accompagnement des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer n’est plus seulement une question de bien-être, mais une évolution indispensable vers une approche plus holistique, plus globale de la santé. 

Djamila Nourine, assistante de soins en gérontologie (ASG)

 

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