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Le jardin apparaît comme une évidence, une invitation

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« Le jardin est donc un espace privilégié, de partages et de propositions », analyse Christelle Mathevon, directrice pédagogique et formatrice des formations Humanitude vie sociale.

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[JARDIN THERAPEUTHIQUE 1/18] Face aux stress et aux pertes progressives, le jardin trouve des leviers pour la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour celle de leurs entourages. Même avec peu de superficie, l’espace trouvera des bienfaits. Encore faut-il le penser et l’ouvrir aux habitants.

Des comportements tels des mécanismes de réaction voire de défense

L’évolution de la maladie va malheureusement entraîner des altérations progressives de toutes les informations enregistrées tout au long de la vie. De ce fait, la compréhension et l’analyse des situations vécues vont devenir de plus en plus difficiles. Les évènements, l’environnement, le rythme journalier seront alors vécus de façon non plus rationnelle mais émotionnelle avec un ressenti immédiat. Si le ressenti est positif alors la personne montrera des signes de bien-être. A l’inverse, elle exprimera ce que nous appelons un Comportement d’Agitation Pathologique (CAP). Ces comportements sont des mécanismes de réaction, voire de défense. En effet nous avons trois manières de gérer nos stress :

  • En donnant du sens à nos émotions : C’est tout simplement répondre à la question : pourquoi ? Pouvoir expliquer ce que l’on ressent. On voit à quel point c’est compliqué parfois pour tout à chacun. Le soutien d’un professionnel, d’un parent ou d’ami peut nous aider à y voir plus clair, comme on dit. On peut alors comprendre à quel point, il peut être difficile pour une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer de donner un sens à ses émotions. Elle ne pourra le faire qu’à partir des informations qu’il lui reste.
  • Passer par le corps pour « évacuer » : Courir, marcher, bouger nous permettent de libérer nos tensions, nos stress. Pour beaucoup d’entre nous, le sport ou la marche répond au besoin fondamental pour se « dé... tendre ». Il en est de même pour la personne souffrant de troubles cognitifs.
  • Se changer les idées : Quand on traverse des tempêtes, il est bon de se changer les idées : parler de tout et de rien avec des parents ou amis, divertir l’esprit en posant les yeux sur d’autres images. Encore une fois, il en est de même pour une personne Alzheimer.

Dès lors, le jardin apparaît comme une évidence, une invitation. C’est un espace partagé, privilégié, dans lequel se côtoient un ou des jardiniers, des promeneurs, des propositions sensorielles : à regarder, à sentir, à goûter, à entendre. Il invite les oiseaux à s’y rendre. Il donne la possibilité de se balader et non de déambuler, mais aussi de se reposer quand le corps et l’esprit en ont besoin. Il est surtout le théâtre des sujets de conversation quand la communication s’épuise.

Un lieu de partages et de propositions

Tous les établissements sociaux et médico-sociaux ne possèdent pas des hectares de terrain pouvant permettre d’atteindre un tel idéal, mais chacun, en fonction de ses possibilités, peut inventer. Il y a quelques années de cela, j’étais responsable d’un accueil de jour en Ehpad. Le jardin n’était pas très grand. On y trouvait quatre petits espaces de terre. Dans l’un d’entre eux se trouvait un abri pour oiseaux, fabriqué par l’ami d’une dame atteinte de la maladie d’Alzheimer. Dans un autre espace, des fleurs de différentes couleurs et des plantes aromatiques qui en les touchant dégageaient des odeurs. Je me souviens particulièrement de l’odeur de la citronnelle.

Un autre espace était réservé à un habitant de l’Ehpad qui souhaitait continuer à jardiner. Tous les matins, il venait travailler la terre. Dans des grandes jardinières, nous avions planté des tomates cerises que les personnes cueillaient et goûtaient avec plaisir. Le dernier espace était une simple superficie en herbe ouverte à tous les possibles. Au cœur de ces espaces, trônaient une table et des chaises, à l’abri d’une tonnelle. Il arrivait fréquemment à d’autres habitants de l’Ehpad de s’arrêter et de profiter d’une collation avec nous.

Le jardin est donc un espace privilégié, de partages et de propositions. Il est aussi le reflet de notre regard porté sur la personne accompagnée et son entourage, familles, amis et professionnels. C’est un espace ouvert aux possibles permettant d’ouvrir les seuils de tolérance ou de relâcher les tensions. Un espace que vous pouvez aussi penser en intérieur !

Christelle Mathevon, directrice pédagogique et formatrice des formations Humanitude vie sociale

 

Ressources

Philippe Crône est le concepteur des formations Humanitude vie sociale.

Auteur de L’animation dans les établissements d’accueil des personnes fragilisées, éditions Elsevier Masson ou encore de La couleur des mots, aux éditions la librairie des territoires

 

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