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Intervenant socio-judiciaire
« L’objectif de notre métier est d’amener un peu plus de social à la justice, à travers la prise en compte des individus dans leur globalité et pas uniquement au regard des faits qui leur sont reprochés. » (Anna Chaumette, ISJ à Nantes)
Missions
Métier apparu il y a une quarantaine d’années, l’intervenant socio-judiciaire joue un rôle essentiel dans la chaîne judiciaire en France, tout en ayant un lien fort avec le secteur social. À la croisée des chemins entre le social, le juridique et la psychologie, ce professionnel assure une fonction d’interface entre les instances judiciaires et les structures sociales. Il est chargé d’accompagner les personnes confrontées à des procédures judiciaires, qu’il s’agisse de victimes, d’auteurs d’infractions ou de personnes en réinsertion. Les missions de l’intervenant socio-judiciaire s’inscrivent dans le cadre de mesures décidées par les juridictions pénales, souvent comme alternatives à l’incarcération. Elles visent à prévenir la récidive, faciliter la réinsertion sociale et professionnelle et garantir l’accès aux droits fondamentaux des justiciables.
L’intervenant socio-judiciaire est chargé par les juridictions pénales de mesures d’investigations destinées à éclairer les magistrats dans ses décisions. Il réalise pour cela des enquêtes sociales rapides ou des enquêtes de personnalité afin de fournir à ces derniers des informations fiables sur la situation sociale et personnelle de l’individu mis en cause ou de la victime.
Artisan d’une justice plus humaine et inclusive, l’intervenant socio-judiciaire favorise des solutions alternatives au procès, en encourageant la médiation entre auteurs et victimes et en proposant des mesures de réparation adaptée.
C’est aussi lui qui assure le suivi des obligations imposées par la justice, comme celle de participer à des stages de responsabilisation ou respecter certaines interdictions. Il organise des entretiens individuels ou des groupes de parole pour aider les auteurs à prendre conscience de leurs actes et à travailler sur leur réinsertion sociale. De la même façon, il peut être chargé d’organiser des stages pour sensibiliser les auteurs de violences intra-familiales aux conséquences de leurs actes.
Dans les prisons, il peut assurer un suivi des détenus en vue de préparer leur réinsertion sociale après leur libération. Il collabore ainsi avec divers partenaires institutionnels, des psychologues ou des travailleurs sociaux dans l’élaboration de projets d’insertion socio-professionnelle avec les personnes suivies.
L’intervenant socio-judiciaire peut enfin être amené à participer à des stages ou des actions de sensibilisation auprès de publics scolaires, de professionnels ou encore du grand public.
Profil et compétences
Le métier d’intervenant socio-judiciaire exige une excellente capacité d’écoute et d’empathie pour établir une relation de confiance avec les personnes accompagnées. A cela s’ajoute une aptitude à communiquer de manière claire et adaptée et à animer des groupes de parole. Sur le plan technique, l’intervenant socio-judiciaire doit maîtriser les bases du droit pénal et des procédures judiciaires pour comprendre les enjeux légaux des mesures qu’il met en œuvre. Des compétences rédactionnelles solides sont également nécessaires. Une part importante de son travail consiste en effet à rédiger des rapports détaillés destinées aux autorités judiciaires.
Formation
Pour devenir intervenant socio-judiciaire, plusieurs voies sont possibles. La plupart des intervenants socio-judiciaires sont issus de trois grandes familles professionnelles : éducateurs spécialisés, psychologues ou juristes. Ils disposent d’une formation dans les domaines du social ou du droit et complètent ensuite leur cursus universitaire initial par des modules spécifiques de formation continue, qui peuvent porter sur les types de mesures, le champ pénal, les techniques d’entretien, les écrits professionnels, l’approche criminelle, ou encore la victimologie.
Parallèlement, la fédération Citoyens & Justice propose un parcours dédié aux futurs intervenants socio-judiciaires. Accessible aux titulaires d’un diplôme de niveau 5 minimum (bac +2) pouvant justifier d’un an d’expérience dans un service socio-judiciaire, ce cursus d’une durée de 1800 à 200 h, se compose de :
- 5 formations Tronc commun (procédure pénale relative aux mesures socio-judiciaires ; approche psychologique et juridique de la victime ; troubles de la personnalité et pathologies psychiatriques ; techniques d’entretien dans le cadre du mandat pénal ; les écrits dans le cadre du mandat pénal) ;
- 2 mesures socio-judiciaires au choix (contrôle judiciaire socio-éducatif, enquête de personnalité auteur, médiation pénale, sursis probatoire, etc.)
- 2 formations transversales au choix (code de justice pénale des mineurs, psychiatrie criminelle, justice et addictions aux produits psychoactifs, etc.).
Ce parcours est progressif, sans contrainte de temps, mais il faut suivre les 9 formations. Chaque module donne lieu à un questionnaire d’évaluation des connaissances. Au terme du parcours, le candidat soutient un mémoire devant un jury de professionnels.
Débouchés
L’intervenant socio-judiciaire exerce dans des cadres variés, principalement dans le secteur associatif et les institutions en lien avec la justice. La majorité des professionnels exercent au sein d’associations habilitées par les tribunaux, qui collaborent étroitement avec les magistrats pour mettre en œuvre des mesures socio-judiciaires. Ces associations interviennent dans des domaines tels que le contrôle judiciaire, la médiation pénale ou les stages de sensibilisation. Avec l’évolution constante des politiques judiciaires et sociales, certaines structures publiques ou parapubliques, comme les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), collaborent régulièrement avec des intervenants socio-judiciaires dans le cadre du suivi des personnes sous main de justice. Enfin, certains ISJ se spécialisent dans des missions spécifiques, comme la lutte contre les violences intra-familiales ou l’accompagnement des mineurs délinquants, ce qui ouvre des opportunités dans des dispositifs spécialisés.
Évolution de carrière
Après quelques années d’expérience, l’intervenant socio-judiciaire peut se spécialiser dans des domaines spécifiques, tels que la médiation pénale, l’accompagnement des auteurs de violences intra-familiales ou le suivi des mineurs délinquants. Cette spécialisation peut conduire à des postes à responsabilités, comme coordinateur de projets socio-judiciaires au sein d’associations ou référent pour des dispositifs judiciaires spécifiques. Par ailleurs, il peut évoluer vers des fonctions d’encadrement ou de direction dans les structures associatives habilitées par les tribunaux. Certains intervenants choisissent également d’intégrer un service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), où ils peuvent accéder à des postes plus institutionnels. Avec une formation complémentaire en droit ou en travail social, l’intervenant socio-judiciaire peut élargir ses compétences et envisager des carrières connexes, comme éducateur spécialisé en milieu judiciaire, conseiller pénitentiaire ou médiateur professionnel.
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