Alors que le ratio entre le nombre de résidents et le nombre de lits autorisés en Ehpad se situait généralement entre 95 % et 98 % avant le Covid, ce taux d’occupation a brutalement chuté de 5 points à partir de 2020.
Une baisse qui s’explique par l’interdiction faite aux établissements de procéder à de nouvelles admissions, alors même qu’ils connaissaient une importante vague de décès. Mais aussi par la publication des Fossoyeurs, au cours de l’été 2021, et la médiatisation de « l’affaire Orpéa ».
Cette évolution est en outre très disparate selon les territoires. Ce sont les régions Ile-de-France, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes qui ont été les plus touchées par cette chute (de - 5 % à - 7 %), notamment parce qu’elles sont parmi les plus peuplées et les plus concernées par la crise sanitaire. A l’inverse, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie ou les Pays de la Loire ont enregistré des baisses moins brutales.
Autres inégalités : la baisse des taux d’occupation concerne davantage le secteur privé lucratif (que le privé non lucratif) et le public autonome (plutôt que le public hospitalier).
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Aujourd’hui, ces taux n’ont jamais retrouvé leur niveau d’avant-Covid pour 5 raisons principales :
- L’effet Covid ou le ralentissement durable des admissions ;
- L’effet réputationnel de l’ouvrage Les Fossoyeurs et du phénomène « d’Ehpad bashing » ;
- L’effet démographique avec un ralentissement important de la croissance de la tranche d’âge des 85 ans et plus ;
- L’effet virage domiciliaire et de certaines mesures telles que « Ma prime Adap’t » et de la structuration progressive du secteur de l’aide à domicile ;
- L’effet « turn-over » des directeurs d’établissements qui entraîne un ralentissement des entrées.
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Le think tank achève sa note avec des solutions « en attendant la reprise démographique », dont :
- Le décloisonnement des places d’hébergement temporaire et d’hébergement permanent pour permettre aux gestionnaires d’optimiser le remplissage des établissements au gré de la demande ;
- L'ouverture de l’Ehpad aux personnes âgées en perte d’autonomie, soit en sortie d’hospitalisation, dans l’attente du retour à domicile, soit dans une situation d’urgence (défaillance d’un aidant, maltraitance à domicile…) ;
- Une meilleure communication et une plus grande transparence.
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