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Sport adapté en établissement...


Bonjour et bienvenue dans L’Essentiel des Conseils de pros, votre rendez-vous mensuel avec la nouvelle rubrique des ASH qui donne la parole à tous les pros, praticiens, chercheurs et experts. Cette quatrième newsletter est consacrée à notre série sur le sport adapté en établissement.

Si l’approche des Jeux Olympiques de Paris a réveillé l’engouement sportif, le secteur n’a pas attendu d’être happé par l’esprit de Coubertin pour prendre la mesure des bienfaits du sport sur les usagers que ce soit des enfants, des adultes en situation de handicap ou des personnes vieillissantes. Dès les années 80, l’activité physique adaptée s’est invitée dans les établissements avec une professionnalisation engagée et le recrutement  massif de professionnels formés venus prêcher la bonne parole ou plus exactement l’activité physique qu’il fallait pratiquer. Est-ce que ce mouvement s’est vu conforter par la stratégie nationale sport santé 2019-2024?

Au premier abord, l’engagement est au rendez-vous puisque, selon une enquête de la direction générale de la cohésion sociale et la direction des sports datant de 2018, 94% des établissements accueillant des enfants en situation de handicap sondés proposent une activité physique et sportive. Or, derrière ce chiffre se cache une autre réalité beaucoup moins flatteuse. Et pour cause, sur le terrain, l’offre est avant tout « irrégulière » et se confronte à « une structuration qui peine à se faire dans un contexte où d’autres priorités se dégagent entre les difficultés de recrutement ou les tensions financières ».

Selon l’étude, seuls 25% des enfants et des adolescents pratiqueraient des activités physiques une à deux heures par semaine, bien loin de l’objectif avancé par les experts qui visent un déploiement de 30 minutes d’activité quotidienne.

  Dans l’Essentiel des Conseils des Pros ce mois-ci, vous lirez que la réflexion a d’ores et déjà gagné certaines structures qui tentent de redéfinir l’activité physique adaptée en écoutant les besoins des publics accompagnés ou de leurs familles, en les intégrant aux gestes de tous les jours pour vivre avec et pas seulement avoir une pratique sportive de compétition.

  Vous découvrirez également que les usagers ne veulent plus être considérés comme des handicapés pratiquant un sport mais bien comme  des sportifs qui ont un handicap. Cette nuance fera-telle bouger les lignes?

Alexandra Marquet, journaliste, cheffe de rubrique

 
 
LEAD

Outil d'accompagnement social

Effets positifs. Bien-être, bonne santé sociale, psychologique et physique, renforcement de l’attention et de la concentration, meilleur sommeil, baisse du stress…tous ces effets ne peuvent s’observer que si la personne s'exerce au quotidien, si la pratique sportive est institutionnalisée. Le sport est avant tout un outil d’accompagnement social.

  Emergence du sport santé. Le besoin de structuration politique est indéniable. Et les efforts doivent être engagés auprès de tous les publics à l’heure où le sport santé s’inscrit dans les politiques de prévention. Le sport, synonyme de dépassement de soi, d’exigence et de performance laissera-t-il une place à l’émergence du sport santé ?

A lire: A quand un processus d'intégration?

Breves

Le constat 

Tout corps doit être capable. Le corps vulnérable est souvent devenu impropre car la personne a perdu une bonne connaissance des capacités de son corps si éprouvé par l’altération physique et cognitive. Pour retrouver des capacités, le sport ne doit pas seulement adapter ces contenus à la personne en situation de vulnérabilités, il doit favoriser un nouvel éveil des possibilités capacitaires dans les limites du schéma corporel. Le but est de développer l’acceptabilité individuelle et sociale afin de construire une nouvelle image du corps.
  A lire : Une vie capacitaire pour les personnes handi-capables

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Sur le terrain 

Un engagement et des objectifs. Depuis plus de vingt ans, l’EPNAK, a la volonté et se donne les moyens de voir plus d’enseignants et d’éducateurs d’activité sportive adaptée au sein des équipes éducatives et thérapeutiques des 70 unités et services que compte l’EPNAK sur le territoire national et ultramarin.  Au-delà du mieux-être, de la socialisation, de l’impact sur la santé et sur les relations sociales, l’APA est un réel levier à l’inclusion des personnes dans notre société.
  A lire:  Institutionnaliser la pratique sportive adaptée

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Mise en perspective Sensibiliser les professionnels à l’APA et savoir orienter. Cette étape, du repérage à l’orientation, est essentielle puisque c’est la porte d’entrée principale vers l’activité physique adaptée pour bon nombre de personnes qui sans incitation extérieure ne feront jamais le pas vers l’activité physique. Évidemment, tous les professionnels ne sont pas à l’aise avec le sport. Et ce n’est pas du tout l’enjeu. L’idée est d’apporter un premier niveau de réponse, essentiel, pour ne pas laisser la personne âgée ou en situation de handicap avec la classique injonction culpabilisante : « Vous devriez faire du sport ! » ; mais de pouvoir leur apporter une solution concrète vers un spécialiste de l’activité physique.
A lire : La nécessaire formation des équipes

 
 
La Punchline

« L’idée de la Charte Sport et Handicap n’est pas de se substituer aux actions de terrain, mais de montrer les convergences entre acteurs différents pour devenir un levier d’action et « un point d’appui […] pour organiser et participer pendant l’olympiade à une multitude de rencontres, d’événements – des plus modestes aux plus spectaculaires – qui rendent visibles les acquis, les expériences, et les innovations prometteuses pour une pratique émancipatrice des activités physiques et sportives pour les personnes handicapées. »

Sébastien Claeys, responsable de la formation, de l’éthique et du plaidoyer au sein de l’association Handidactique, professeur associé à Sorbonne Université

 
 
Etonnant, non ?

 
A la question !

L’approche des Jeux Olympiques va-t-elle se traduire par une montée en puissance du sport santé auprès des personnes âgées ou en situation de handicap ?

« Je trouve dommageable que dans la loi de démocratisation du sport comme dans le décret de février 2024, on ne parle pas des compétences en activité physique adaptée. Il ne s’agit pas de créer un monopole des compétences en APA. En revanche, invisibiliser ces compétences et donner la priorité au volontariat sur les compétences pour un référent sport dont les missions sont assez pointues, interroge sur la solidité du dispositif. Il ne suffit pas de parler de santé pour que la promotion de la santé advienne ».

Claire Perrin, sociologue du sport et présidente de l’institut de recherche collaborative sur l’activité physique et la promotion de la santé (RECAPPS).

 Voir aussi "La changement de paradigme de la performance à la santé ne va pas de soi".

 
 
Le Chiffre

Pour une nouvelle organisation



Lorsque nous comparons une personne qui vient tous les jours à pied sur deux kilomètres de distance, avec une autre inscrite en club et qui pratique un sport à raison de deux heures par semaine, nous pouvons interroger qui des deux est réellement sportive et entretient une condition physique ? Ce n’est manifestement pas le fait de posséder une licence sportive qui fait le sportif ; et c’est pourquoi nous avions à cœur de redéfinir les intentions derrière notre accompagnement à l’EPS, afin que l’APA soit considérée en pratique culturelle qui sert à l’émancipation de la personne, avant tout dans sa construction globale.

Céline LAGRENADE, enseignante en activité physique adaptée et Frank RAZAFINDRAZAKA, cadre socio-éducatif sur le dispositif des plus de treize ans à l’Alizarine

Réflexion collective pour une nouvelle pratique professionnelle adaptée

 
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