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EHPAD : Agnès Buzyn débloque 50 millions d'euros sans apaiser les syndicats

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La ministre des Solidarités et de la Santé a annoncé jeudi matin une rallonge budgétaire pour les maisons de retraite. Un geste insuffisant, rétorquent les organisations de salariés et les directeurs de l'AD-PA.

A l'approche de la grève prévue mardi 30 janvier dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), le gouvernement et les syndicats dialoguent, pour l'heure, par voie de presse.

Invitée sur RTL jeudi matin, Agnès Buzyn a promis que 50 millions d'euros viendraient compléter en 2018 les 100 millions déjà programmés, pour le fonctionnement des EHPAD, par la loi de financement de la sécurité sociale. La nouvelle enveloppe sera confiée aux agences régionales de santé (ARS) "pour qu'elles puissent accompagner au cas par cas, en fonction des difficultés, les EHPAD qui souffrent aujourd'hui d'un manque de moyens", a précisé la ministre.

Cette mesure fera partie du plan d'action en faveur des maisons de retraite qu'Agnès Buzyn compte présenter vendredi lors d'un déplacement à l'hôpital gérontologique de Chevreuse (Yvelines). Le gouvernement demande d'ores et déjà aux ARS "de mettre en place des structures d'appui pour aider les EHPAD en difficulté à se réorganiser, pour voir comment ils peuvent coopérer entre eux, parce que parfois c'est un problème d'isolement de petites structures ", a-t-elle complété.

Pas de quoi satisfaire la large intersyndicale qui organise la grève (CGT, FO, CFDT, SUD, UNSA, CFE-CGC et CFTC). Ses porte-parole ont tenu une conférence de presse jeudi matin, rappelant leurs revendications : des embauches dans les EHPAD, l'abrogation de la réforme de la tarification et une amélioration des rémunérations (lire ici).

Cinquante millions d'euros, "c'est à peu près 2 500 postes" par an, soit environ un tiers de poste par EHPAD, a calculé Luc Delrue (FO). Or, il estime que la réforme tarifaire lancée au 1er janvier 2017 va conduire, sur sept ans, à supprimer un poste d'aide-soignant par EHPAD. Pour lui, l'annonce de la ministre est donc "une provocation".

"Oui, nous demandons un plan d'action, mais avec beaucoup plus de dotations", a assuré Malika Belarbi, de la CGT, qui a recensé pas moins de 120 grèves dans des EHPAD en 2017. Sandrine Ossart, aide-soignante dans un établissement associatif de Loire-Atlantique et membre du même syndicat, a décrit avec amertume son quotidien: 12 à 15 toilettes par matinée, réalisées en 8 à 10 minutes, "alors qu'à l'école j'ai appris à les faire en 40 minutes". Des repas servis mixés "parce que ça va plus vite", ou encore de moins en moins de sorties avec les résidents par manque de personnel accompagnant.

Mardi, les syndicats organiseront un rassemblement devant le ministère des Solidarités et de la Santé à 14 heures, mais aussi de nombreuses actions dans les EHPAD, devant les conseils départementaux, les ARS, etc. Ils devraient être reçus mardi matin par le ministère, puis prochainement à l'Elysée.

Alerter l'opinion publique sans pénaliser les usagers

Le mouvement de mardi est "inédit" car le secteur n'avait jamais connu une mobilisation aussi large, ont assuré les représentants syndicaux. Tel le Dr Jean-Paul Zerbib, de la CFE-CGC, dont l'organisation, qui représente les cadres, "ne participe pas facilement à une intersyndicale". Mais "il y a un problème national" de grande ampleur, a-t-il souligné, déplorant par exemple qu'un tiers des EHPAD ne disposent toujours pas d'un médecin coordonnateur, "ce qui est totalement illégal".

Pascal Champvert, le président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), qui fait cause commune depuis plusieurs mois avec l'intersyndicale, s'est lui aussi exprimé à la conférence de presse, sur un ton très offensif: "Nous demandons que Mme Buzyn présente des excuses à l'ensemble des directeurs" pour des propos qu'elle avait tenus en décembre ("Il y a des directeurs qui managent remarquablement leurs équipes […], à l’inverse, dans certaines structures, notamment publiques, le management n’est pas bon, et sans doute est-ce sur ce point que nous devrions agir plutôt que de recourir systématiquement à des budgétisations supplémentaires", NDLR).

Ce directeur sera lui-même gréviste mardi prochain, mais restera prêt à intervenir en cas de difficultés dans son établissement, a-t-il expliqué en marge de la conférence de presse : "Ni les salariés ni les directeurs ne veulent prendre la responsabilité de mettre en difficulté nos usagers." Les préavis de grève couvrent la journée entière, mais certaines organisations, comme la CGT, appellent simplement à des débrayages entre 11 heures et midi. De plus, dans le secteur public, l'administration pourra assigner des salariés à leur poste.

Ne pouvant pas miser sur un blocage complet des EHPAD, les organisations espèrent plutôt convaincre l'opinion publique et les usagers : plusieurs organisations de personnes âgées et de retraités ont déjà apporté leur soutien au mouvement (comme la Fnapaef dans ce communiqué).

Difficile d'évaluer l'ampleur de la mobilisation, mais "toutes les conditions sont réunies pour ce soit réussi", pronostique Luc Delrue. Il espère obtenir l'ouverture rapide "de vraies négociations" avec le gouvernement.

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