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Des critiques s’élèvent

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« Je ne pense pas que les moyens évoqués dans le rapport permettent de répondre aux problèmes actuels et même à long terme. Il y a actuellement une crise sociale dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en raison d’un manque criant d’effectifs. Or, le rapport ne répond pas immédiatement à cette problématique. » Cette critique du rapport « Libault » émane de Malika Belarbi, aide-soignante dans un Ehpad public d’Ile-de-France et présidente du collectif des personnes âgées – Fédération CGT santé et action sociale. Elle déplore aussi que les organisations syndicales de salariés, pourtant à l’origine du mouvement de contestation qui a amené ce rapport, « n’aient pas été consultées ».

Si le rapport « Libault », remis le 28 mars à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a été très largement salué par les acteurs du secteur, il ne fait pas l’unanimité. Ainsi, l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA), par la voix de son président, Guillaume Quercy, estime que la priorité n’est, en réalité, pas donnée au domicile. « Dans le rapport, je lis 550 millions d’euros pour le domicile et 1,2 milliard d’euros pour les Ehpad. Si la France fait le choix du domicile d’abord, normalement on devrait le retrouver dans les priorités financières. Ce n’est pas ce que j’observe », déplore-t-il.

Un cloisonnement qui perdure

« Globalement ce rapport est extrêmement positi f, admet le président de l’UNA. Mais nous devons de rester vigilants. On nous annonce une priorité au domicile, or celui-ci aura trois fois moins de moyens que les établissements… Et ils sont trois fois moindres que ce que nous avions estimé pour le seul secteur non lucratif »(1).

Au-delà des moyens mis sur la table pour le domicile, l’UNA critique aussi les conclusions sur le sujet de la gouvernance. « Clairement, on voit que l’on veut essayer de contenter tout le monde. On laisse donc un cloisonnement perdurer », regrette Guillaume Quercy. Inventer une gouvernance qui doit faire plaisir à tout le monde, c’est continuer à empiler les dispositifs et passer du temps ensuite à les classer, les ordonner, les articuler. Ce n’est pas efficient. » Et s’il se satisfait de la réaffirmation de l’importance de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et de la volonté d’avoir une « maison des aînés et des aidants » sur le territoire, à l’image des maisons départementales des personnes handicapées dans le champ du handicap, il n’en demeure pas moins critique sur le rôle des départements et des agences régionales de santé (ARS). « Sur la question de l’aide à domicile, on continue à distinguer les services de soins infirmiers à domicile, qui relèvent des ARS, et les services de soins et d’aide à domicile, qui relèvent des départements. C’est bien que quelque chose ne va pas », affirme-t-il.

« La situation est gravissime »

Au-delà de ne pas avoir été consultée en amont, Malika Belarbi reproche au rapport de ne pas répondre aux revendications de l’intersyndicale. « Nous demandons un ratio d’un soignant pour un résident, ce qui représente 200 000 emplois supplémentaires, explique-t-elle. Or, le rapport met en avant une augmentation de 25 % des effectifs, soit 80 000 emplois de plus d’ici 2024. Il y a clairement un décalage. S’il faut attendre 2024 pour avoir des effectifs qui ne correspondent même pas à nos revendications… » Si le rapport envisage de renforcer la formation, « ce qui est une bonne chose », Malika Belarbi ne voit pas comment cela peut s’appliquer au métier d’aide-soignant. Actuellement, la formation dure un an, avec huit modules qui répondent aux missions de la fonction. Alors, « comment comptent-ils la renforcer ? Que vont-ils mettre en place pour l’évolution des compétences pour les aides-soignants ? », s’interroge-t-elle.

Cette professionnelle déplore que ce rapport soit plus une prospective pour la situation de 2030 qu’une réponse à l’urgence actuelle. « La situation est gravissime. Il y a des défaillances dans la prise en charge. Les effectifs sont insuffisants et en grande souffrance, assène-t-elle. Certains salariés sont en inaptitude médicale, voire en retraite d’invalidité à 45 ans. Il faut immédiatement donner des moyens pour répondre à cette urgence sociale. »

La FNAAFP/CSF n’est pas pleinement satisfaite

Si elle estime que le rapport « Libault » « fera date » et que « de nombreuses mesures vont dans le bon sens », la Fédération nationale des associations de l’aide familiale populaire (FNAAFP/CSF) regrette toutefois que, concernant le libre choix de rester au domicile, « les propositions ne soient pas toujours à la hauteur ». Elle déplore, entre autres, que le rapport ne propose pas d’aller vers une réforme « plus ambitieuse de la tarification des SAAD » et que l’expérimentation du projet de vie des personnes ou encore la diminution du reste à charge ne concernent que les établissements.

Notes

(1) Dans ses revendications, l’UNA avait réclamé 1,7 milliard d’euros pour l’aide à domicile.

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