Prévu dans le programme de campagne d'Emmanuel Macron, le plan relatif à l'asile et l'immigration présenté, le 12 juillet, par le Premier ministre Edouard Philippe, fut froidement accueilli par le secteur associatif. France terre d'asile constate ainsi "un décalage entre l'ambition initiale et son contenu, entre l'ampleur de la crise du premier accueil en France et le silence caractérisé autour de cette problématique incontournable". L'association rappelle, comme le propose également la maire de Paris, son vœu de voir organiser un système qui sorte de "l'urgence durable" en répondant "aux défis du premier accueil des prétendants à l'asile en les identifiant, les informant et les orientant de manière digne vers un hébergement et la procédure d'asile dans des centres de premier accueil équitablement répartis".
Quelques avancées, pour certaines
Même si elles ne sont pas à la hauteur des besoins, plusieurs mesures du "plan d'action pour garantir le droit d'asile et mieux maîtriser les flux migratoires" font néanmoins consensus, estime l'association. Parmi elles : la création de 7 500 places en CADA (centres d'accueil pour demandeurs d'asile) en 2018 et 2019, de 5 000 places en centres provisoires d'hébergement pour favoriser l'accès au logement des réfugiés ou la nomination d'un délégué interministériel à l'intégration des réfugiés (placé auprès du ministre de l'Intérieur selon le plan). La politique d'intégration impose cependant "une plus grande cohérence dans [sa] gouvernance et des moyens renforcés", ajoute France terre d'asile.
Tout en se félicitant de la volonté de raccourcir les délais de procédure de la demande d'asile, l'objectif étant de ramener à six mois la durée moyenne de traitement (recours compris), la Fédération des acteurs de la solidarité appelle le gouvernement "à une renégociation de ce plan d'accueil, avec les associations, autour de trois priorités". La première : créer durant le quinquennat 40 000 places supplémentaires en CADA - la fédération rappelle que seulement un demandeur d'asile sur deux est aujourd'hui hébergé dans le dispositif national d'accueil - et renforcer "le parc d'hébergement inconditionnel des migrants en répartissant l'accueil de manière équilibrée dans l'ensemble du territoire national".
La fédération souhaite également davantage de moyens pour les plateformes de premier accueil afin de "détecter la vulnérabilité des personnes et les orienter, dans le délai légal de trois jours, vers la demande d'asile et un lieu d'hébergement". Elle insiste également sur la nécessité de renforcer la politique d'intégration des réfugiés en autorisant leur accès au travail dès l'arrivée en France. Elle demande par ailleurs au gouvernement "d'accélérer l'accès à un titre de séjour pour les personnes privées du droit au travail et au logement et qui sont contraintes de vivre dans des conditions d'extrême précarité".
Mais de l'insatisfaction pour toutes
Plus sévère encore, la Cimade déplore un "énième ajustement d'une politique sans cap" et, évoquant le volet répressif du plan, dénonce une volonté d'expulser "plus vite et plus de personnes étrangères quelle que soit leur situation ou leur pays d'origine". L'association fustige également le discours selon lequel "on peut accueillir les réfugiés politiques, mais pas les migrants économiques", alors que "les études scientifiques et le terrain démontrent que les motifs de départ sont multiples, complexes et bien souvent liés entre eux".
Avant la présentation du plan par le gouvernement, l'association Forum réfugiés-Cosi avait pour sa part rappelé ses préconisations. Parmi ces dernières, elle appelle à simplifier le dispositif d'accueil des demandeurs d'asile pour "en terminer avec le millefeuille constitué", entre autres, par les CADA, les HUDA (hébergements d'urgence pour demandeurs d'asile), les places du PRAHDA (programme d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile) et les CAO (centres d'accueil et d'orientation). Ces derniers, insiste-t-elle, "élaborés dans l'urgence pour une réponse à court terme, ne peuvent être pérennisés en l'état, en raison de leur statut précaire et d'un ratio coût/prestations défavorable".