Dix millions d'euros sur deux ans : c'est ce que le gouvernement britannique va consacrer à la prise en charge des migrants de Calais, selon les termes de l'accord franco-britannique signé dans la cité portuaire sur cette question jeudi 20 août par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, et son homologue britannique, Theresa May.
Evoquant la "crise migratoire d'une exceptionnelle gravité" que traverse actuellement l'Europe et dont les "conséquences [sont] particulièrement visibles dans le Calaisis", le ministre français a déclaré à cette occasion que l'accord signé résultait du choix conjoint des deux gouvernements de chercher "à mettre en place des solutions efficaces pour réguler les flux d'immigration, pour accueillir humainement les migrants, pour assumer [leurs] obligations en matière d'asile et pour lutter contre les filières criminelles de passeurs".
Protéger les plus vulnérables
Si cet accord consacre une large place au volet sécuritaire, des mesures sont également prévues pour la prise en charge des migrants à Calais. "Face à un problème humanitaire de cette ampleur, nous devons améliorer encore la protection des plus vulnérables – en particulier les femmes et les enfants victimes de la traite – en les mettant à l'abri dans des logements protégés", a indiqué Bernard Cazeneuve. S'agissant des migrants qui ne sont pas susceptibles de demander l'asile, les deux gouvernements souhaitent faciliter les retours volontaires vers les pays d'origine, à travers des programmes d'aide, en collaboration avec les ONG des deux pays. "Mais il nous faut parallèlement améliorer l'information de ceux qui souhaitent bénéficier d'une protection humanitaire, organiser leur logement en dehors de Calais et accélérer le traitement de leurs demandes", a poursuivi le ministre. C'est dans le cadre de ces dispositions, "nécessairement coûteuses", que le gouvernement britannique apportera un soutien financier à hauteur de cinq millions d'euros par an pendant deux ans.
Commandement "unifié"
S'agissant du volet sécuritaire de l'accord, celui-ci prévoit l'amélioration de la sécurité du tunnel sous la Manche et de la surveillance du site d'Eurotunnel - le ministère de l'Intérieur a signé, également ce jeudi 20 août, une convention de recrutement d'une centaine d'agents de sécurité avec la société Eurotunnel - et le renforcement de la coopération entre les services de sécurité français et britannique. Pour cela, deux "hauts responsables", l'un français, l'autre britannique, ont été désignés afin "d'assurer un commandement unifié avec pour objectif de démanteler les réseaux de passeurs", a précisé Bernard Cazeneuve. "En outre, un centre de commandement et de contrôle intégré sera établi à Coquelles [commune voisine de Calais, ndlr], qui comprendra des personnels des forces de sécurité intérieure française et britannique appelés à travailler ensemble au quotidien". Ce centre sera soutenu dans son travail par une structure similaire déjà existante à Folkstone au Royaume-Uni, l'objectif étant "notamment d'accroitre les échanges de renseignements opérationnels entre [les] services et de déboucher sur des enquêtes conjointes contre les réseaux criminels qui organisent le trafic de migrants et agissent de part et d'autre de la Manche".
Antonio Guterres, Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), s'est félicité de la signature de cet accord franco-britannique, en saluant "en particulier les mesures de protection et humanitaires annoncées, qui reconnaissent à la fois l'importance de la lutte contre le trafic d'êtres humains et contre l'exploitation d'individus vulnérables".
Toujours dans le cadre des échanges européens sur la crise migratoire, Bernard Cazeneuve devait se rendre ensuite en fin de journée jeudi à Berlin pour rencontrer son homologue allemand, Thomas de Maizières. Le ministre a par ailleurs annoncé que Manuel Valls se rendrait le 31 août à Calais, accompagné de Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, et de Dimitris Avramopoulos, commissaire européen à la migration et aux affaires intérieures.