Construire une société plus ouverte aux personnes en situation de handicap, concevoir des réponses et des prises en charge adaptées à la situation de chacun et simplifier la vie quotidienne. Tels sont les trois objectifs principaux de la troisième conférence nationale du handicap organisée jeudi 11 décembre à l'Elysée. Un événement censé rythmer la mise en oeuvre de la politique du handicap tous les trois ans, mais qui n'a débouché sur aucune mesure de grande ampleur. Il visait en effet, avant tout, à dresser un premier bilan des mesures décidées par le comité interministériel du handicap de septembre 2013 et à restituer au niveau national les débats des quatre forums régionaux thématiques organisés entre le 24 novembre et le 8 décembre.
Clôturant la conférence, le président de la République n'a ainsi présenté qu'une série d'actions s'inscrivant dans la continuité des chantiers déjà lancés par le gouvernement en matière d'accessibilité, d'emploi, de scolarisation, de santé ou encore d'accompagnement médico-social.
Ce rendez-vous a ainsi suscité des réactions très mitigées de la part des associations, certaines jugeant, à l'instar de l'Association des paralysés de France (APF), qu'il n'a pas répondu "aux attentes urgentes des personnes en situation de handicap" ou, comme l'Unapei, que "l'objectif manque d'ambition", tandis que la Fédération des APAJH y a vu "une édition constructive, cohérente et déterminée pour l'avenir" (voir encadré).
Des mesures éparses
Un premier axe de travail consiste à "ouvrir l'école aux enfants" et à engager la "désinstitutionnalisation", indique le relevé de conclusions diffusé par les services de l'Elysée. Par exemple, cent unités d'enseignement actuellement installées dans des établissements médico-sociaux vont être transférées vers des écoles "ordinaires" à la rentrée scolaire 2015.
Par ailleurs, "afin de mieux répondre aux enjeux actuels" en matière d'adaptation des logements, la liste des aménagements du domicile ouvrant droit à un crédit d'impôt sera mise à jour via le projet de loi de finances pour 2016, précise encore le relevé de conclusions. En matière d'emploi, l'Etat procèdera aux simplifications nécessaires, notamment pour que l'aménagement des postes de travail demandé par un employeur soit accéléré. Dans le domaine de l'accessibilité, les mesures se focaliseront sur l'accès à l'information publique via les sites Internet des administrations. Et en matière d'accès aux soins, des consultations spécialisées seront déployées à l'hôpital dès 2015.
Mutualiser la PCH
S'agissant des ressources des personnes handicapées - sujet qui ne figurait pas à l'ordre du jour de la conférence -, François Hollande a toutefois surpris l'auditoire. A partir de l'année prochaine, a-t-il annoncé, les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) pourront, sur décision motivée, accorder l'allocation aux adultes handicapés (AAH) pour une durée plus longue - jusqu'à cinq ans - aux personnes dont le taux d'incapacité permanente est compris entre 50 % et 80 %. Rappelons que, depuis 2011 et l'instauration de la condition de restriction subtantielle et durable pour l'accès à l'emploi, l'AAH ne peut être accordée à ces personnes que pour une durée de un an à deux ans, contre cinq ans au maximum auparavant.
Pour le président de la République, il faut par ailleurs rendre la prestation de compensation du handicap "plus simple". Ses modalités d'utilisation seront donc ajustées "pour permettre sa mutualisation entre plusieurs personnes souhaitant financer ensemble une aide à domicile dans un logement partagé autonome", ont expliqué les services de l'Elysée.
Enfin, la conférence nationale du handicap devait être l'occasion de débattre des pistes de la mission de Marie-Sophie Desaulle chargée de préparer la mise en oeuvre concrète du rapport "Piveteau" sur les parcours de vie sans rupture. "Cela ne se fera pas du jour au lendemain", a déclaré la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, sans rien dévoiler des conclusions de la mission. Selon les services de François Hollande, de leur côté, "le déploiement des différentes mesures nécessaires commencera en 2015 avec les territoires volontaires en vue d'une généralisation en 2017-2018".