Avoir "50 ans ne doit pas être le début de la fin mais peut-être le début d'une nouvelle carrière", a affirmé le ministre du Travail, François Rebsamen, lundi 23 juin, en présentant les grandes lignes de son futur plan pour l'emploi des seniors. Jusqu'ici, l'exécutif a surtout concentré ses efforts sur la lutte contre le chômage des jeunes, priorité du quinquennat de François Hollande. Mais si la situation des chômeurs de moins de 25 ans s'améliore quelque peu (- 3,8 % sur un an en avril), elle se dégrade fortement pour les plus de 50 ans (+ 11,6 % en un an), selon les dernières statistiques de Pôle emploi. Le ministre vise ainsi une "stabilisation" du chômage des seniors "d'ici à six mois" et annonce que les mesures seront financées par "un redéploiement et une meilleure utilisation des enveloppes existantes".
Un contrat de génération plus incitatif
Pour encourager l'embauche des seniors, François Rebsamen propose de doubler la prime à l'embauche d'un senior dans le cadre du dispositif du contrat de génération, boudé par les entreprises. Actuellement, ce contrat offre une prime de 2 000 euros en cas d'embauche d'un jeune en contrat à durée indéterminée et de 2 000 euros pour le maintien dans l'emploi d'un salarié d'au moins 57 ans ou pour l'embauche d'un senior de 55 ans et plus. La part liée aux seniors passerait donc à 4 000 euros en cas de recrutement. Les modalités précises "seront à définir avec les partenaires sociaux lors de la conférence sociale" des 7 et 8 juillet prochain, a indiqué le ministre.
Renforcer l'accompagnement
Il entend également solliciter les acteurs de l'emploi, et en particulier Pôle emploi. D'ici à la fin de l'année, il souhaite ainsi faire bénéficier 80 000 demandeurs d'emploi de longue durée supplémentaires - parmi lesquels les seniors sont surreprésentés - d'un accompagnement renforcé. Cette offre de service, qui concerne aujourd'hui près de 250 000 chômeurs, se caractérise par un suivi soutenu et personnalisé.
La part des seniors sera aussi "renforcée" dans le cadre du plan en cours "100 000 formations prioritaires" pour l'emploi, destiné à former des chômeurs à des métiers non pourvus. De même, les emplois aidés dans le secteur marchand (CUI-CIE) seront recentrés sur les seniors et les chômeurs de longue durée.
Développer l'apprentissage
Evoquée par le président de la République, fin avril, l'ouverture de l'apprentissage aux chômeurs de plus de 50 ans est enfin confirmée par François Rebsamen qui propose, en effet, de mettre en place un contrat de professionnalisation dit "nouvelle carrière". Il ne s'agit pas là de créer un nouveau contrat, mais d'adapter le dispositif existant aux difficultés que rencontrent les demandeurs d'emploi seniors. Et ce, en "améliorant la rémunération et en définissant des formations adaptées", a précisé le ministre. Dans le même sens, il souhaite développer les temps de "mise en situation professionnelle en entreprise", comme le préconisait le rapport Mestrallet remis fin avril à François Hollande.
Les partenaires sociaux discuteront de ces pistes lors de la conférence sociale au cours de laquelle le plan pour l'emploi des seniors sera définitivement arrêté. Ils ont dores et déjà réservé à ce plan un "bon accueil", selon François Rebsamen.
