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Evacuation de camps de migrants à Calais : les associations réclament un dispositif d'urgence

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L'évacuation par la police de trois campements de migrants à Calais - et notamment le camp dit "des Syriens", où s'abritaient quelque 400 réfugiés - aura duré un peu plus d'une heure ce mercredi matin 28 mai, selon l'AFP, présente sur place, ainsi que plusieurs associations dont le Secours catholique et Médecins du monde qui, avec huit autres organisations (voir liste en note), avaient adressé la veille une lettre ouverte au Premier ministre pour l'alerter sur une situation qui "se détériore dans un silence assourdissant".
Dans ce courrier, daté du 27 mai et destiné également à Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, et à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, les dix associations signataires dénoncent les "conditions sanitaires catastrophiques" dans lesquelles vivent près de 550 personnes étrangères, "pour la plupart d'origine syrienne, afghane, érythréenne, fuyant des conflits, des violences et des persécutions",qui ont aménagé des "camps de fortune". Des conditions extrêmement précaires qui ont favorisé le développement d'une épidémie de gale au sein de cette population de migrants.

Une épidémie de gale

"La semaine dernière, la sous-préfecture a convoqué les associations pour leur annoncer que des mesures seraient prises pour lutter contre [cette] épidémie", relate ainsi le Secours catholique sur son site Internet."Les autorités ont également prévenu qu'elles démantèleraient à cette occasion les trois principaux camps de tentes installés depuis plusieurs mois sur les docks du port et au bord du canal".
Un traitement contre la gale a en effet débuté mardi 27 mai au soir, lors d'une distribution de repas, mais dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes aux yeux des militants associatifs : "C'était le carnaval", a ainsi déclaré à l'AFP Cécile Bossy, représentante de la mission Médecins du monde à Calais, en décrivant une opération "tout sauf professionnelle" : absence de décontamination des vêtements, pas de douches, "supposées être mises en place lors de l'évacuation"...
Selon la préfecture, les migrants se sont cependant vu proposer, après l'évacuation de mercredi, la possibilité d'être acheminés vers un lieu médical pour rencontrer un médecin, pouvoir prendre une douche, changer de vêtements et se procurer des aérosols pour traiter ces derniers, mais aussi pour rencontrer des représentants de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) et de la direction de la cohésion sociale. Un déplacement effectué "sur la base du volontariat", a insisté le préfet auprès des journalistes présents, promettant qu'il n'y aurait "pas de contrôle, pas d'interpellation, pas de placement au centre de rétention administrative (CRA)", rapporte encore l'AFP.

Procédé "consternant"

Vincent Deconinck, délégué départemental du Secours catholique, a jugé pour sa part "indigne" cette concomitance du traitement de la gale et de l'évacuation. Dans un communiqué diffusé après l'évacuation, son organisation dénonce "ce nouveau recours à la brutalité, accompagné de la destruction ou de la perte des effets personnels des exilés". Un procédé "consternant" qui n'est "accompagné d'aucune solution alternative de mise à l'abri des quelque 600 personnes concernées, à l'exception de quelques nuitées proposées aux plus jeunes dans un centre de loisirs. Si l'urgence de traiter la question sanitaire de l'épidémie de gale est réelle, elle ne doit pas être le prétexte d'une évacuation qui va, tout le monde s'accorde à le dire, contribuer à diffuser l'épidémie dans d'autres lieux de la région".
Le Secours catholique déclare aussi ne pouvoir "se résigner à assister à cette maltraitance institutionnelle prônée comme seule action politique depuis dix ans", tandis que, dans leur lettre ouverte à Manuel Valls, les dix associations signataires demandent au Premier ministre de "mettre en place un dispositif d'urgence adapté pour répondre à la situation sanitaire des exilés de Calais". Elles veulent enfin, également, que soit engagée "une concertation" et que le gouvernement délivre "les autorisations et les moyens de soigner correctement et de protéger les personnes, conformément aux engagements de la France en matière d'accueil des exilés".

Les associations signataires de la lettre ouverte adressée à Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Marisol Touraine sont : Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) de Calais, Amnesty International, la Fédération Entraide protestante, la Fondation Abbé-Pierre, France Terre d'asile, L'Auberge des migrants, La Cimade, Salam NPdC, Médecins du monde et le Secours Catholique.

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